ARTICLE DANS LE GLOBE AND MAIL INTITULÉ INDIGENOUS WOMEN GRAB THE SPOTLIGHT
Avec sa programmation éclectique, ses campagnes de marketing irrévérencieuses et ses soirées renommées, le festival imagineNATIVE Film + Media Arts a depuis longtemps dissipé toute idée de pow-wow de niche.
L'une des plus grandes et des plus prestigieuses célébrations du travail cinématographique et médiatique des peuples indigènes, cet événement annuel a doublé son audience, passant de 8 000 en 2006 à 16 000 l'année dernière. La neuvième édition, qui s'ouvre mercredi, reflète cette croissance avec une augmentation du personnel du festival, des sponsors et des invités de l'industrie - sans oublier une offre importante de plus de 100 longs et courts métrages internationaux et canadiens, avec de nombreuses premières mondiales, dont Exile (17 octobre, 17 heures, Al Green), un documentaire sur la réinstallation forcée de familles inuites en 1953, du célèbre cinéaste Zacharias Kunuk (2001, lauréat du prix Cannes The Fast Runner).
"Les premières années, nous nous sommes battus contre le stéréotype selon lequel le festival est strictement axé sur les enjeux parce qu'il concerne les autochtones", explique Danis Goulet, qui travaille pour imagineNATIVE depuis 2003 et qui a pris cette année le nouveau poste de directeur artistique. "Nous sommes le seul festival ayant pour mandat de montrer des œuvres d'artistes autochtones qui tente activement d'aider à vendre ces œuvres. Nous présentons donc beaucoup de nouvelles œuvres, ce qui est très bien pour le public, mais nous avons aussi vu le festival transformer des carrières". Par exemple, le film de clôture de l'année dernière, Tkaronto, a été sélectionné pour une distribution en salle, ce qui a donné un coup de pouce important au réalisateur de premier long métrage Shane Belcourt.
La campagne de marketing "Indian Jane" de cette année parodie les films de Steven Spielberg, mais l'image d'une femme portant des tresses et posant comme l'archéologue de Harrison Ford n'est pas seulement un amusement et un jeu. Les femmes indigènes sont à l'honneur cette année, comme en témoignent les soumissions examinées par l'équipe de programmation de Goulet. "Nous avons remarqué que les femmes racontaient des histoires étonnantes et que de nombreux films avaient des femmes comme personnages principaux", dit-elle.
La soirée d'ouverture (mercredi, 19h, Bloor) sera marquée par la première canadienne de deux documentaires fantaisistes : Mémére Métisse est un "twist" éloquent d'une demi-heure sur le thème familier de la prise en compte de l'identité, alors que la cinéaste Janelle Wookey (co-animatrice du Friday Night Flick d'APTN) tente de sortir sa grand-mère de la négation de son héritage métis ; Le long métrage de l'Australienne Darlene Johnson, River of No Return, à l'humour doux, suit Frances Daingangan, une grand-mère dont le rêve de devenir une star de cinéma s'est réalisé après avoir été choisie pour le film révolutionnaire Ten Canoes (2006), mais qui découvre que la réalisation de son rêve est un chemin difficile.
L'histoire d'une grand-mère est également au cœur du film phare d'imagineNATIVE, le captivant Before Tomorrow (18 octobre, 19h, Al Green), lauréat du meilleur premier long métrage canadien au TIFF 2008. Après que deux familles inuites se soient rencontrées pour une célébration estivale, l'aînée Ninguiq (co-réalisatrice Madeline Piujuq Ivalu), son ami de toujours Kutuujuk, qui est malade, et son petit-fils sont déposés sur une île pour préparer la pêche de la saison. Mais à l'approche de l'hiver, Ninguiq se rend compte que personne ne vient les chercher et qu'elle doit puiser dans ses ressources pratiques et créatives pour survivre.
Before Tomorrow est une collaboration avec Arnait, le collectif vidéo féminin d'Igloolik fondé par la co-réalisatrice du film, Marie-Hélène Cousineau, en 1991. "Le film est basé sur un roman danois qui se déroule au milieu du XIXe siècle, et je pensais que c'était une histoire unique", raconte Marie-Hélène Cousineau. "Mais les femmes d'Igloolik le savaient, même si elles n'avaient pas lu le livre - elles connaissaient toutes quelqu'un qui avait une histoire de survie similaire".
Le contexte groenlandais du livre a été adapté pour refléter l'environnement et la culture d'Igloolik, mais Mme Cousineau affirme que le film ne se veut pas historique : "Comment pouvons-nous vraiment savoir à quoi les gens ressemblaient, se comportaient ou parlaient", dit-elle. "Donc, tous ceux qui ont participé à la production ont imaginé cette histoire d'une manière très collaborative et créative".
Cela semble être l'expression parfaite de l'esprit d'imagineNATIVE.